La start-up, qui a levé plus de 2 millions d'euros l'an dernier, réfléchit à un tour de table plus conséquent, pouvant aller jusqu'à 20 millions d'euros.
Les faits - Trois entrepreneurs français entendent changer la vie de milliers d'ingénieurs et d'ouvriers qui ont du mal à s'entendre et à se faire comprendre sur les grands chantiers. Une solution professionnelle qui, outre le suivi des défauts, facilite la collaboration grâce aux tablettes.
«Bouygues a abandonné sa solution interne pour la nôtre», se félicite David Vauthrin, le directeur général et l'un des trois cofondateurs de Finalcad, une pépite française qui, dans le secteur de la construction, fait un carton. Son métier ? Des applications pour mobiles et tablettes, mais pas pour n'importe qui : sa cible est confidentielle, puisqu'il s'agit des professionnels du bâtiment. «En 2011 quand l'iPad est arrivé, nous avons constaté un désert informatique dans ce secteur. Sur les chantiers, les ingénieurs perdent chaque soir des heures à reprendre leurs notes manuscrites pour envoyer les consignes aux prestataires et ouvriers sur les défauts à corriger, ou les tâches à réaliser». Une corvée qui peut vite devenir un enfer, «car il y a en moyenne 10000 petits défauts qui sont répertoriés sur un chantier».
La solution de Finalcad permet par exemple d'accéder aux plans d'un immeuble en chantier, pièce par pièce, élément par élément et de noter les défauts pour ensuite partager ces informations avec les collaborateurs concernés et d'assurer le suivi des opérations en temps réel. «Nous avons mis en place un flux de commentaires pour faciliter la collaboration, un peu comme sur Facebook», ajoute David Vauthrin. Mais l'aventure ne s'arrête pas là car la start-up veut répondre à l'ensemble du cycle de vie d'un chantier, «qu'il s'agisse du contrôle de gros œuvre, du suivi des normes de sécurité et d'environnement, du contrôle qualité, voire de l'exploitation d'un bâtiment».
Sur la route du succès, Finalcad compte Bouygues et Vinci comme clients, deux géants qui représentent moins de 50% de son chiffre d'affaires. Ce dernier, qui double en moyenne chaque année, devrait être de 4 millions d'euros fin 2015. La solution a été utilisée sur 4000 gros chantiers, comme à Singapour sur celui de la filiale de Bouygues pour le suivi du projet Sports Hub, l'un des plus gros équipements sportifs au monde sur lequel 2500 collaborateurs interviennent sur 11 ouvrages différents. Elle est également adaptée au projets de plus petites taille, comme ceux des particuliers : l'entrepreneur revendique avoir fourni son application pour 200000 projets «plus autonomes».
Malgré un environnement compétitif où des acteurs comme Idox ou Aconex réalisent plusieurs dizaines de millions de chiffre d'affaires, David Vauthrin et ses associés ne se démontent pas : «On estime que les solutions de ces deux acteurs sont utilisées sur 20000 chantiers ; or rien qu'aux Etats-Unis, on compte environ 500000 chantiers sur notre marché». Financé par le capital-risqueur français Serena Capital en juin dernier à hauteur de 2,1 millions d'euros, la société qui comptait 15 salariés il y a un an est composée de 48 personnes et en recrutera une douzaine en 2015. Elle entend par ailleurs relever 15 à 20 millions d'euros d'ici fin 2016, pour financer sa conquête internationale, toujours plus agressive.
«Le marché asiatique nous permet de toucher de très gros projets. Si 20% de nos revenus sont pour l'instant réalisés à l'international, nous allons également accélérer nos activités en Amérique du Nord et au Brésil». Enfin, le modèle économique de Finalcad pourrait évoluer : «Nous facturons aujourd'hui au m2, ce qui permet d'adapter le prix à la taille des chantiers, mais il est possible que nous migrons vers une solution accessible par abonnement», et donc plus adaptée aux besoins des grands comptes.
Hugo Sedouramane