La construction reste aujourd’hui le secteur le plus exposé aux accidents.
Malgré une baisse régulière des chiffres - 56,8 accidents pour 1 000 salariés en 2017, contre 64,8 en 2013- l’objectif du zéro incident reste assez lointain.
Un constat réaliste qui ne doit pas faire oublier les efforts importants fournis par les acteurs du bâtiment, qui font du sujet une priorité. Au-delà des politiques de prévention et du renforcement des réglementations, la question de la sécurité peut compter sur une nouvelle vague d’innovations technologiques, qui laisse imaginer des progrès radicaux dans les années à venir.
Sauvés par les objets connectés
La tendance du “tout connecté” n’épargne pas le secteur du BTP. Au cœur du phénomène, les applications liées à la sécurité sont nombreuses et concernent la plupart des équipements. Les EPI (Équipement de protection individuelle) les plus avancés intègrent désormais capteurs et interfaces haptiques ou sonores pour garantir la sécurité des opérateurs. Le casque Oscar, développé par le Bouygues E-Lab, est ainsi capable de détecter les réseaux à haute tension situés à moins de 5 mètres et de prévenir son porteur par signal sonore. Les semelles morphologiques Rcup produisent des données qui sont ensuite interprétées en termes de santé : un outil utile pour optimiser les postures ou les déplacements des agents ! Des développements du même ordre peuvent être observés du côté des gants ou des vestes et laissent imaginer une généralisation de l’équipement de protection connecté dans un avenir relativement proche.
Engins intelligents
Si on change d’échelle, les machines passent elles aussi à l’heure numérique. Aujourd’hui, la plupart des innovations concernent les systèmes anti-collision. Loxam a présenté le dispositif Skysiren PCS qui permet de détecter les obstacles ou la chute d’objets à 360° puis d’alerter les opérateurs. Sur les poids-lourds, radars, lidars (télédétection par laser) ou capteurs à ultrasons se démocratisent afin de limiter les accidents entre engins et piétons. A l’avenir, on pourra imaginer des objets connectés entre eux, dans un vaste écosystème communicant. Une perspective illustrée par la solution Kare de Kiloutou, qui relie directement les véhicules aux EPIs connectés.
Les lowtechs encore essentielles
Si les technologiques numériques font beaucoup parler d’elles, il n’est pas encore l’heure de remiser les anciens systèmes mécaniques qui continuent de progresser. Concernant la sécurité, ce sont les exosquelettes qui portent les plus belles promesses. La plupart du temps, ils accompagnent le mouvement et soulagent l’opérateur dans l’aide au levage, les tâches répétitives en hauteur ou les positions peu naturelles. Eksovest propose ainsi un harnais de 4,3 kg capable de fournir de 2,2 à 6,8 kg d’assistance par bras, le tout sans apport d’énergie extérieure.
La formation en ligne de mire
Au-delà des efforts consentis sur le terrain, la bataille de la sécurité se gagne avant tout en amont, dans la prévention et la sensibilisation. Deux domaines qui accueillent eux aussi leur lot d’innovation. La startup Coven propose ainsi un escape game mobile (dans un camion) pour sensibiliser aux enjeux de la sécurité dans le BTP. D’autres, comme Marmelade, ont choisi la voie du serious game pour donner une touche ludique à la prévention. Enfin, les nouvelles interfaces comme la VR (Réalité Virtuelle) laissent entrevoir un vaste champ d’exploration pour une sensibilisation plus immersive. Manpower a ainsi imaginé un module de 15 minutes qui plonge les intérimaires dans des situations ultraréalistes avant l’obtention (ou non) d’une attestation de compétences.
Pas de doute, le mariage des nouvelles technologies et de la sécurité dans la construction est bien engagé !