Dans New York Délire, le célèbre architecte Rem Koolhaas définit la notion de “bigness”. Selon lui, grâce aux techniques constructives récentes et au déplacement mécanique rapide par ascenseurs, nous sommes en mesure de voir plus grand. Nous sommes capables de construire des édifices si énormes qu’ils sont indépendants de la ville qui les entoure et constituent de véritables systèmes.
Sans porter de jugement moral, l’avènement de la “bigness” a permis la naissance de bâtiments hors du commun et d’infrastructures exceptionnelles.
Par leurs dimensions, leurs enjeux techniques ou leurs ambitions, ils repoussent les limites du possible, suscitent l’horreur ou l’admiration. Parmi les centaines d’ouvrages relevant de la “bigness”, nous avons retenu une sélection de projets particulièrement emblématiques ou innovants.
Les ponts de l’empire du milieu
Celui qui cherche des ponts records doit tourner son regard vers l’Asie. La Chine accueille aujourd’hui la plupart des ponts les plus longs et les plus hauts au monde. Avec 164,8 km, le pont Danyang-Kunshan, principalement terrestre, écrase tous les records.
Il accueille aujourd’hui la ligne à grande vitesse qui relie Shanghai à Pékin et permet aux rails d’éviter les zones inondables.
Source photo : twoeggz
Plus court, mais sans doute plus remarquable, le Pont Hong Kong-Zhuhai-Macao déroule 55 km de prouesses technologiques. Mis en service en 2018, il s’appuie sur une superstructure en acier de 420 000 tonnes. Deux îles artificielles coupent le pont en son centre, afin qu’il plonge sous la mer pendant 6,7 km ! Chaque jour, près de 40 000 véhicules empruntent ce chef d’œuvre.
Source photo : Business Wire
Dans le sens de la verticalité, c’est le pont du Beipanjiang qui s’élève le plus haut et enjambe un gouffre de 565 mètres.
Source photo : Liang Pei - ISOPIX
Cependant, c’est en France, plus précisément en Aveyron, que se trouve le plus haut ensemble pile/pylône au monde. Avec une altitude de 343 m par rapport au sol, le P2 du Viaduc de Millau dépasse la Tour Eiffel de 19 m !
Source photo : CEVM
Gratte-ciel et biomimétisme
Des gratte-ciels, on retient souvent la course folle à la hauteur. A ce petit jeu, c’est le célèbre Burj Khalifa qui remporte la palme avec ses 828 m. La réalisation de l’emblème de Dubaï aura demandé 330 000 m3 de béton, 39 000 tonnes d’acier et 142 000 m2 de verre. En tout, 22 millions d’heures de travail ont été nécessaires pour réaliser le plus haut bâtiment au monde, souvent dans des conditions très difficiles…
Source photo : Guinness des records
A cette débauche de moyens, certains architectes tentent d’opposer une vision plus naturelle de la construction, pour des résultats tout aussi spectaculaires.
A Londres, le 30 St Mary Axe - souvent surnommé “le cornichon” - est loin d’atteindre les hauteurs de ses plus grands homologues. Les secrets de cette tour de 180 m se cachent plutôt dans sa structure, qui imite le squelette des éponges de mer. Très résistante, cette forme “biomimétique” permet également une meilleure distribution de la lumière et une utilisation optimale du vent pour la ventilation !
Source photo : Watson & Sole
La nature comme source d’inspiration
Au-delà des structures et des procédés constructifs, la nature est également la première source d’inspiration esthétique des architectes. Toujours en construction, la Sagrada Familia de Gaudi en offre un exemple flamboyant. Achevée, elle s’élèvera à plus de 170 m de hauteur et pourra accueillir 14 000 personnes. La cathédrale détient en outre le record du chantier le plus long ! Entamé en 1882, il devrait se terminer en 2026 !
Source photo : musement
Plus contemporain, le Stade national de Pékin porte l’inspiration naturelle jusque dans son surnom : “le nid d’oiseau”. Un nid aux proportions gigantesques qui aura demandé 36 km d’entretoises métalliques pour atteindre sa forme finale si caractéristique.
Source photo : info stades
Même s’il ne permet pas d’aller aussi haut, le bois connaît également son lot d’innovations. Les ossatures bois permettent aujourd’hui de travailler sur des volumes importants et voient fleurir des chantiers iconiques. Le siège social de SWATCH , construit à Bienne en Suisse et imaginé par Shigeru Ban, fait sans aucun doute partie de cette catégorie.
4 600 poutres constituent ce “serpent” de près de 11 000 m2 , conçu et assemblé avec une précision horlogère.
Source photo : journal haute horlogerie