Le bâtiment est l’un des secteurs d’activité qui génère le plus de déchets en France, 46 millions de tonnes par an, avec un coût de gestion de 3 milliards d’euros. Les travaux publics génèrent quant à eux 220 millions de tonnes de déchets par an. Gérer ces déchets est devenu aujourd'hui un véritable défi. Tour d'horizon des contraintes et des solutions qui s'offrent aux professionnels de la Construction...
La gestion des déchets de chantier est un enjeu primordial pour les générations futures puisqu'elle vise à réduire la mise en décharge aux seuls déchets ultimes et à économiser les ressources de matériaux non renouvelables, en développant autant que possible le recyclage des déchets. Aujourd’hui, tous les acteurs du secteur sont concernés et les contrats imposent cette prise en charge qui désormais est encadrée par la loi.
Quels déchets génèrent les chantiers ?
Il existe trois grandes familles de déchets de chantier :
- Déchets inertes (73% des déchets du bâtiment) : Ils ne subissent aucune modification physique, chimique, biologique importante. Ces déchets ne se décomposent pas, ne brûlent pas et ne détériorent pas les sols (terre, parpaings, tuiles). Même s’ils ne sont pas les déchets auxquels on pense spontanément, ils représentent pourtant la plus grande proportion que l’on trouve sur un chantier. Leur prise en charge s’avère - pour certains d’entre eux comme par exemple la terre - particulièrement difficile. Il faut en effet parfois déployer des armées de camions pour évacuer des tonnes de terre d’un site en construction. Un vrai challenge d'un point de vue logistique, économique et environnemental !
- Déchets non dangereux (22% des déchets du bâtiment) : Ce sont typiquement des déchets non toxiques et non chimiques mais ils ne sont pas inertes (bois, plastiques, métaux, déchets verts) ;
- Déchets dangereux (5 % des déchets du bâtiment) : Ils représentent clairement un risque pour la santé et aussi pour l’environnement (solvants, métaux lourds, hydrocarbures, amiante).
Quelle est la réglementation actuelle en France ?
La gestion des déchets de chantier est réglementée en France et dans l’Union Européenne depuis 1975 et a été revue à plusieurs reprises jusqu’aujourd’hui. L’objectif est de recycler un maximum de déchets (au moins 70 % de déchets recyclés en 2020).
En France, cette année encore, de nouvelles mesures ont vu le jour. Ainsi, depuis le 1er juillet, il est désormais obligatoire d’ajouter des mentions « déchets » dans les devis de travaux (estimation de la quantité totale des déchets ; modalités de gestion et d’enlèvement ; indication du ou des points de collecte ; encore estimation des coûts associés à la gestion et l’enlèvement). En outre, un bordereau de dépôt pour les déchets inertes et les déchets non dangereux non inertes a été créé. Ce document doit être conservé par l’entreprise et présenté sur demande au maître d’ouvrage du chantier ou en cas de contrôle. Des sanctions administratives et même pénales sont prévues en cas de manquement à ces obligations (jusqu'à 75.000 euros d'amende et deux ans d'emprisonnement).
L’année 2022 verra la mise en place d’une filière REP (responsabilité élargie des producteurs) pour les déchets du bâtiment telle que prévue par la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (AGEC) du 10 février 2020. Ses principaux objectifs sont :
- - La réduction des dépôts sauvages en améliorant la collecte par une reprise sans frais des déchets, la densification du maillage des points de collecte, et l’amélioration de la traçabilité
- - La prévention de la saturation des décharges en développant le recyclage matière ainsi que le réemploi.
Les pistes pour mieux gérer les déchets de chantier
Certaines entreprises commencent déjà à mettre en place des actions en faveur d’une gestion plus responsable des déchets comme par exemple :
-
- Une gestion des achats plus juste en amont en calculant la quantité exacte de matériaux et en ne commandant que ce qui est nécessaire ;
- - Un approvisionnement durable avec des ressources renouvelables ou issues du recyclage ;
- - L’éco-conception en limitant les déchets en amont ;
- - La création de synergies entre les acteurs industriels. Cela peut se faire en utilisant les déchets d’une industrie en tant que matières premières pour une autre ;
- - Favoriser les offres de services à la place des offres de consommation de produits. Par exemple louer au lieu d’acheter.
- - La revente des surplus de chantiers, notamment grâce à des plateformes en ligne spécialisées dans l'économie circulaire qui se sont largement développées ces dernières années.
- - L’allongement de la durée d’usage via la réparation, l’achat d’occasion, ou le réemploi.
- - Et bien sûr, le recyclage. A titre d'exemple, aujourd'hui, les travaux de grande ampleur sont confrontés à la problématique des déblais : ils représentent environ 90% des déchets urbains et sont considérés comme un rebut inutilisable et encombrant. Des initiatives ambitieuses et innovantes voient en ce moment le jour pour recycler ce type de déchets et les valoriser. Ainsi, grâce au projet « Cycle Terre », piloté par la ville de Sevran (en région parisienne), les terres excavées des chantiers du Grand Paris vont bientôt pouvoir être recyclées en briques de terre crue pour construire des logements, des écoles et des bureaux.
Le digital au service de la gestion des déchets
Les outils digitaux peuvent également jouer un rôle fondamental dans la gestion des déchets issus des chantiers, en facilitant à la fois le recyclage, la valorisation, le réemploi ou bien la rationalisation des coûts et des opérations, … ainsi qu’en sensibilisant et en formant à ces sujets. Certains acteurs sont déjà très présents sur ce créneau pour répondre aux divers besoins des professionnels de la construction (de l'artisan jusqu'aux grands groupes) et aux contraintes des différentes typologies de chantiers des secteurs du Bâtiment et des Travaux Publics. Quelques exemples :
Hesus : fondée en 2008, la start-up francilienne, accompagne les professionnels du BTP dans la gestion, l’évacuation et la revalorisation de leurs déchets de chantier. Elle propose à ses clients une solution pour assurer la logistique de ce traitement ainsi qu’une technologie de suivi et de traçabilité.
Engagé dans la gestion des terres inertes, Hesus dispose d’une expertise et d’un fort réseau pour l’évacuation de la terre. L’entreprise propose de solutions diverses, notamment pour l’évacuation des terres de remblais, réparties sur tout le territoire national.
Ecodrop : créée en 2017 par une équipe de passionnés d’économie circulaire, d’experts du digital et du secteur du bâtiment, cette start-up francilienne qui met en relation les artisans de la construction et les opérateurs de prise en charge des déchets, a pour mission de faciliter la gestion des déchets des artisans du bâtiment grâce au digital, pour moins de dépôts sauvages, une meilleure traçabilité, plus de recyclage…
Backacia : Le cœur de métier de cette place de marché digitale d'achat-vente de composants de réemploi est d'accompagner les professionnels du BTP et de l'immobilier dans la mise en œuvre d'opérations rentables intégrant le réemploi. Les produits en vente sur la Marketplace sont soit issus de surplus de commandes soit de bâtiments déconstruits de qualité professionnelle.
Les solutions de suivi de chantier de Finalcad aident de nombreuses entreprises du Bâtiment et des Travaux Publics à gérer plus efficacement la prise en charge de leurs déchets, leur revalorisation, voire la revente des surplus de matériaux en fin de chantier. Pour plus de détails, vous pouvez consulter notre dernière infographie sur le sujet.
Ces exemples d’entreprises ne sont pas isolés. En effet, en France comme à l’international, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à proposer des solutions digitales pour la prise en charge, le réemploi, ou encore le recyclage des déchets de chantier. On ne peut que s’en réjouir car il s’agit d’une véritable opportunité pour les entreprises du BTP aussi bien sur le plan environnemental que sur le plan économique et sociétal.
Vous cherchez des outils pour digitaliser vos projets
et mieux gérer les déchets issus de vos chantiers ?
Parlons-en ensemble :