Si en trente ans, le nombre d’accidents du travail sur les chantiers a été divisé par trois et ce malgré une forte augmentation des effectifs, la sécurité sur les chantiers reste un enjeu majeur tant pour les employeurs que pour les collaborateurs. L’industrie de la construction a fait de grands progrès dans la gestion et la réduction de ces risques ces dernières années notamment grâce à la mise en place de politiques de prévention mais aussi au recours croissant aux innovations technologiques et plus largement à la digitalisation des chantiers.
Les risques sur les chantiers : comment assurer plus de sécurité ?
Un chantier constitue un environnement qui représente, de par sa nature même, des risques pour la sécurité des ouvriers : risques mécaniques liés à l’utilisation de machine, risques physiques induits par le bruit ou les vibrations, ou encore risques chimiques et biologiques.
4 632 chantiers dangereux ont ainsi été arrêtés en 2019.
Données 2018 de l’Assurance Maladie - Risques professionnels dans le secteur du BTP
Le BTP reste l’un des secteurs les plus sinistrés, avec 56 accidents du travail enregistrés pour 1 000 salariés (contre 34 en moyenne tous secteurs confondus). Les accidents du travail dans le secteur ont représenté :
- • Près de 14 % de l’ensemble des accidents du travail
• Plus de 16 % des accidents ayant conduit à une incapacité permanente
• Plus de 19 % des accidents mortels
En tout, plus de 6 millions de journées de travail ont été perdues en 2018 dans le secteur à cause des accidents du travail.
Trois causes principales sont à l’origine des accidents du travail :
• La manutention manuelle
• Les risques de chute de hauteur et de plain-pied
• L’outillage à la main
En incluant les coûts directs et indirects, les conséquences financières des accidents du travail et des maladies professionnelles (AT/MP) dans les métiers de la construction peuvent être estimées à 5 % des coûts des ouvrages.
Il est donc vital d’être particulièrement vigilant sur les chantiers. Comment ? En respectant un certain nombre de règles et en mettant en place quelques mesures de sécurité de base comme par exemple :
> Toujours porter un EPI
Un équipement de protection individuelle (EPI) est un vêtement ou un équipement conçu pour réduire les risques et protéger les équipes (lunettes de protection, casques, gants, bouchons d’oreille, chaussures de sécurité, gilets et combinaisons haute visibilité…).
> Être attentif et suivre les panneaux de sécurité
Les panneaux de sécurité (indiquant interdiction, obligation, danger...) permettent d’avertir et de sensibiliser les personnes travaillant sur les chantiers mais également les visiteurs.
> Garder le chantier en ordre et le matériel rangé
Le chantier de construction doit être nettoyé quotidiennement. Il en va de même des outils et du matériel qui doivent être organisés et rangés.
> Disposer d’un plan d’intervention d’urgence
Un plan d’intervention d’urgence indique aux équipes ce qu’il faut faire en cas d’urgences telles que des catastrophes naturelles, des incendies, des déversements de matières dangereuses ou d’autres types d’incidents.
> Mettre en place des mesures de protection
Il est important de mettre en place des contrôles techniques tels que des barrières ou des clôtures.
> Effectuer des vérifications préalables des outils et de l’équipement
Avant de commencer un chantier, le matériel doit être testé ou du moins vérifié afin de s’assurer qu’il est conforme et en bon état.
> Signaler les problèmes immédiatement
Tout problème doit immédiatement être signalé afin de prendre les mesures nécessaires au plus vite.
Les enjeux de la prévention
C’est au maître d'ouvrage (industriel, promoteur immobilier, collectivité locale…) qu’incombe la responsabilité de la sécurité du projet dont il est à l'origine et ce tout au long de l’opération de construction : de la conception du projet à sa finalisation. Il est, en effet, chargé d’assurer la sécurité de tous les intervenants sur le chantier.
La législation lui impose de nombreuses obligations en matière de prévention des risques professionnels. C’est pourquoi, il est important pour lui de mettre en place une bonne politique de prévention sur le lieu de travail : définition des plans de prévention, formations adaptées aux postes et aux enjeux, fourniture des équipements professionnels…
Il existe ainsi plusieurs leviers pour mettre en œuvre une démarche de prévention des risques professionnels :
> L’information
Les obligations légales de l’employeur dépendent à la fois de la nature et de la configuration du chantier.
Les chantiers clos et indépendants sont soumis à une coordination SPS (Sécurité et protection de la santé). Dans ce cadre, doivent être établis :
• Un plan général de coordination de sécurité et de protection de la santé (PGCSPS) ;
• Des plans particuliers de sécurité et de protection de la santé (PPSPS) ;
• Un dossier d’interventions ultérieures sur l’ouvrage (DIUO).
Tous les autres chantiers doivent disposer d’un plan de prévention. Ce document, élaboré conjointement par le maître d’ouvrage et l’entreprise externe, formalise les mesures de prévention des risques liés aux opérations menées par l’entreprise externe dans le cadre du chantier. Il est complémentaire au document unique d’évaluation des risques (DUER), obligatoire et propre à chaque entreprise.
À côté des obligations, il existe des recommandations qui définissent les bonnes pratiques de prévention des risques professionnels. Elles sont élaborées par les organisations professionnelles et syndicales en lien avec l’Assurance Maladie – Risques professionnels. Il en existe une quarantaine qui concernent par exemple l’utilisation des engins de chantier et de grues, les travaux de livraison, de démolition, de transport …
> Évaluation des risques
Cette étape essentielle, point de départ de toute démarche de prévention, consiste à identifier, analyser et classer les risques afin de définir les actions de prévention les plus appropriées.
Elle donne lieu à l’élaboration d’un document unique d’évaluation des risques (DUER) prévu dans le code du travail.
Pour aider les chefs d’entreprises à initier cette démarche de prévention, un outil en ligne gratuit est mis à leur disposition (Mondocunique Prem’s).
> La formation
La formation du personnel à la sécurité, au même titre que sa bonne information sur les risques pour la santé et la sécurité, constituent des obligations légales qui s’imposent à l’employeur.
Un certain nombre d’entre elles sont obligatoires notamment celles liées à la conduite d’engins (CACES), à l’utilisation d’échafaudages, aux troubles musculosquelettiques, à l’exposition aux risques chimiques ou électriques ainsi qu’à l’exposition à l’amiante et du plomb.
La digitalisation au service de la sécurité sur les chantiers
Si la sécurité des travailleurs s’est beaucoup améliorée ces dernières années grâce à une plus grande sensibilisation et des réglementations plus strictes, il est maintenant possible d’aller encore plus loin grâce aux innovations numériques.
Focus sur quelques exemples de technologies innovantes au service du BTP :
> Digitalisation du système HSE (hygiène, sécurité, environnement)
La numérisation des procédures clés réduit considérablement les tâches administratives et renforce la sécurité sur les chantiers. Une seule application permet de superviser à distance le respect des règles de sécurité, d’identifier en un coup d’œil, grâce aux tableaux de bord, les écarts et les tâches à réaliser. Sur le terrain, dès qu’une non-conformité est constatée, les équipes en sont alertées immédiatement. Des comptes-rendus sont automatiquement générés et peuvent être exportés à des fins d’audits ou d’inspections.
> Une meilleure organisation et gestion des formations et des réunions sur la sécurité
Le profil digital d’un collaborateur peut être créé en répertoriant les formations et réunions sur la sécurité auxquelles il a participé, et centralisé dans une plateforme unique permettant au responsable HSE et au département RH de mieux connaitre le niveau de connaissance de leur personnel.
> S’assurer que tous les travailleurs sont en règle pour travailler
Grâce à la mise en place d’un lecteur de badges directement connecté à une plateforme centrale, le statut d’un travailleur peut être vérifié automatiquement. Ce système permet ainsi de vérifier s’il détient les accréditations, le permis de conduire, les formations en matière de santé et de sécurité, et tout autre document requis afin de garantir qu’il est bien en règle et peut travailler de manière totalement légale.
> Localisation des collaborateurs
Grâce de nombreux outils innovants, comme les smartphones ou les EPI connectés, les collaborateurs peuvent donner des informations sur leur localisation ainsi que sur une éventuelle situation dangereuse.
Les semelles connectées, par exemple, sont capables de détecter une chute et d’envoyer une alerte géolocalisée aux secours.
L’utilisation de drones est elle aussi très pratique sur les chantiers ; ces outils connectés sont parfaitement adaptés aux missions de surveillances et d’analyse des risques.
> Localisation des équipements et outils utilisés sur site
Les vols sur les chantiers sont encore fréquents et les voleurs savent parfaitement exploiter les moindres failles de sécurité. Grâce aux tags et/ou étiquettes RFID apposés sur l’équipement et le matériel, il est désormais possible de les localiser précisément et à tout moment.
> La 3D pour identifier et anticiper les risques
La 3D permet de prévisualiser un chantier et ainsi de mieux comprendre, par exemple, les interactions entre le chantier et son environnement (présence de lignes électriques, bâtiments avoisinants, équipements de production et de sécurité́ lorsqu'ils ont été modélisés…) ou encore de mieux appréhender son organisation générale (en visualisant la zone de livraison, les zones de stockage, les zones de circulation d'engins ou piétonnes...) afin d’éviter un maximum de risques.
> Les démarches collaboratives
Pour optimiser la gestion de la sécurité et de la sûreté des chantiers, les plateformes collaboratives permettent de partager de façon instantanée toutes les données utiles (plans, photos, vidéos...) entre l’ensemble des parties prenantes à un chantier. Ces plateformes améliorent les coopérations et apportent une vision claire et partagée, pour une meilleure maîtrise des risques. À chaque étape du chantier, elles constituent un outil d'aide à l’organisation sans égal, à tous les niveaux.
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