Hausse du prix des matières premières, pénurie de composants, flambée du coût des énergies…, après la pandémie et la crise énergétique mondiale, la guerre en Ukraine aggrave un peu plus encore la pression économique sur les acteurs du BTP. Pour faire face à ces difficultés, le recours à la déconstruction commence à gagner du terrain sur les chantiers en France et dans le monde. Faire du neuf avec de l’ancien, une vraie bonne idée qui séduit pour réduire ses coûts, mais aussi pour construire plus responsable.
Déconstruction ou démolition ? Quelle différence ?
La déconstruction, par rapport à la démolition, correspond à une destruction sélective de constructions déjà existantes. Il s’agit donc de recycler ou réutiliser tout ou partie des matériaux pour de nouveaux projets ; de réutiliser pour mieux construire.
Son coût, que beaucoup craignent élevé, peut en réalité s'avérer plus avantageux qu'une démolition dès lors que le volume de déchets est important. En effet, les frais de mise en décharge sont déterminants car ils peuvent vite grimper.
La déconstruction nécessite un travail de tri très minutieux des matériaux contrairement à une démolition « tout à la benne ». Il faut s’assurer de leur potentiel de valorisation. Ainsi, on va trier les briques, les portes, les fenêtres, les éléments de cuisine, les équipements électriques … qui sont en bon état et réutilisables.
Ce tri atteint ses limites en présence de produits assemblés par collage en multicouche (plaques de plâtre avec isolants, parement de façade avec polystyrène contrecollé…) ou de matériaux recouverts d'un enduit ou d'une peinture. De même, la déconstruction ne peut être envisageable pour des bâtiments sinistrés ou très dégradés qui présentent des risques pour la sécurité.
C’est pour cela qu’il est important que ce travail de tri soit effectué par des entreprises et un personnel plus spécialisés, et équipés d’outils et d'engins permettant le démontage afin de ne pas abimer les matériaux.
La déconstruction au service de la préservation de l’environnement
La déconstruction apparait désormais comme un procédé indispensable dans le secteur de la construction. Il faut savoir que plus des trois quarts des déchets produits dans l’Hexagone seraient issus du secteur de la construction, notamment des opérations de destruction. Selon l’Ademe, 224 millions de tonnes ont été produites en 2020 en France, le BTP représentant 70 % de la production annuelle de déchets.
Le réemploi de matériaux constitue dès lors une formidable opportunité qui pourrait résoudre bien des contraintes notamment environnementales. Et plus que jamais, la gestion des déchets fait partie des priorités des autorités dans le cadre de la préservation de l’environnement et de la transition énergétique.
A côté de la valorisation des déchets, il faut également noter que dans un monde où les ressources naturelles (énergies fossiles, eau propre, sable, …) se raréfient, la déconstruction devient un enjeu.
Forte de ces deux piliers, la déconstruction progresse sur les chantiers.
Qu’en dit la loi ?
Dans le droit, la déconstruction relève généralement principalement des dispositions relatives à la démolition.
Depuis les années 1970, alors que l’obsolescence progressait ainsi que la population mondiale, pour réduire l’accroissement des déchets et ses impacts environnementaux, les États ont mis en place des règlementations pour imposer un minimum de recyclage et de réutilisation de matériaux issus des démolitions.
En France, la déconstruction est encore peu encadrée par la législation. Elle est surtout encouragée par les référentiels environnementaux (HQE, Leed et Breeam) et le nouveau label BBCA rénovation. À partir des années 2000, l'obligation de tri et recyclage de certains déchets de démolition a progressé en cohérence avec la directive-cadre 2008/98/CE. Puis la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour une croissance verte, a fixé un objectif de valorisation matière de 70 % des déchets de construction et de démolition d'ici à 2020. Dans le cas d’activités dangereuses, les opérateurs doivent désormais inclure un volet « déconstruction » dans leur déclaration ou demande d'autorisation de cessation d'activité. Le Grenelle de l’environnement a, quant à lui, fixé des objectifs d'économie de ressources, de réduction de consommation d'énergie, d'émissions de CO2, l’optimisation des transports et la limitation de mise en décharge.
Le principal dispositif réglementaire reste celui du diagnostic déchets, qui n'est obligatoire que pour les démolitions de bâtiments d'une surface supérieure à 1 000 m² ou ayant abrité des activités polluantes de type agricole, industrielle ou commerciale, et ne couvre donc pas les opérations moindres ni les réhabilitations lourdes.
Et concrètement comment ça se passe ?
Dans le cadre d’un chantier de démolition, une partie peut être dédiée à la déconstruction mais il faut l’anticiper. La première étape consiste à établir un diagnostic déchets - différent du diagnostic avant travaux, dont la mission est de cartographier la présence de matériaux amiantés – qui permet de recenser la matière valorisable, et vérifier les centres de prise en charge. Il faut ensuite procéder au curage, étape lors de laquelle toutes les installations, présentes au sein de la construction, qui ne sont pas recyclables, sont retirées.
Puis, après avoir vérifié qu’il n’existe plus aucun contaminant sur le site, le chantier de déconstruction peut alors commencer. La déconstruction peut se faire de différentes manières, grâce à plusieurs engins, par exemple, une pelle à grand bras ou des mini engins pour l’écrêtage. Une fois la structure du bâtiment mise à terre, les matériaux sont triés pour être valorisés.
La digitalisation du BTP pour valoriser la construction–reconstruction (Built-to-rebuild)
Grâce au progrès du digital au service du BTP et la prise en compte renforcée des concepts et modèles de l’économie circulaire de nouvelles approches « construction–reconstruction » (Built-to-rebuild) ont vu le jour. C’est le cas de la déconstruction et de la réutilisation quasi totale des composants du bâtiment.
Les solutions digitales facilitent ainsi l’accès des professionnels du BTP aux possibilités offertes par l’économie circulaire. Par exemple, une solution de suivi de chantier comme Finalcad One permet, à partir d’un simple smartphone ou d’une tablette, d’identifier en amont de l’opération de déconstruction les matériaux et les composants à récupérer et de partager cette information avec les équipes en charge de mener les opérations.
À l’issue de l’opération, un catalogue des matériaux réutilisables avec photos, quantités et description détaillée des éléments récupérés peut être automatiquement généré par l’application pour un partage interne à l’entreprise. Avec ce type de solution, d’un côté, le chantier de déconstruction génère moins de déchets et, de l’autre, les chantiers de construction de l’entreprise pourront utiliser des matériaux recyclés de qualité, générant des économies ainsi que des gains de temps appréciables en période de pénurie.
Les sociétés spécialisées uniquement dans la déconstruction, qui ne trouveront pas à réutiliser les matériaux en interne, pourront également alimenter les plateformes de réemploi et de revalorisation des matériaux à partir des données récupérées via l’application. Ces plateformes se sont multipliées ces dernières années, à l’image de Backacia, une place de marché digitale d’achat-vente de composants de réemploi issus des bâtiments déconstruits qui accompagne les professionnels du BTP et de l'immobilier dans la mise en œuvre d'opérations rentables et éco-responsables.
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